observatoire des sondages

Des intentions de vote en mal d’expression

lundi 17 janvier 2022

Si la critique des sondages impose d’apporter des preuves irréfutables à l’appui de ses affirmations, il peut sembler inutile parfois d’établir une liste fournie des défauts qui les minent. Les intentions de vote publiées depuis le début de l’année 2022 en sont la parfaite illustration.

Leurs résultats, tous sondeurs confondus [1], sont irrémédiablement faussés par une carence significative en « matière première » : les intentions, exprimées ou non. Ce n’est certes ni la première, ni, « bien sûr », la dernière fois que les sondages sont confrontés à une telle pénurie. Elle fait néanmoins tâche alors que ce début d’année coïncide sans surprise avec le redémarrage de la production et un nouveau forcing éditorial pro-sondages de la presse incapable de contrôler, a fortiori de réprimer ses désirs de spéculation politologique.

Les réponses sont dans les questions

- Que peuvent bien valoir des résultats et les commentaires qui les accompagnent quand :
- une part non négligeable des sondés est écartée pour cause d’incertitude quant à sa participation au scrutin (ce que l’on peut comprendre) ? [2]
- quand une part significative des sondés « sûrs d’aller voter » refusent de dire pour qui ?

- Si la faiblesse des écarts entre certains candidats au premier tour jette déjà un sérieux doute sur les scores attribués et le classement établi (même lorsque le nombre des sondés écartés semble faible par rapport aux répondants), au second tour les résultats relèvent tout bonnement de la farce comptable, et ce quelles que soient les hypothèses retenues, possibles ou impossibles (cf. ci-dessous à titre d’exemples les extraits des notices détaillées Ifop, Opinionway, Elabe, Ipsos [3]).

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A suivre...


[1Exception faite de Cluster17 qui se distingue par une performance « exceptionnelle » au vu du très faible niveau de réticence de ses sondés à indiquer leur intention de vote. De quoi nourrir des doutes même de la Commission des sondages, cf. communiqué, 8 janvier 2022.

[2Dans le cas d’Ipsos pris ici pour exemple c’est plus de la moitié de l’échantillon initial de 1500 sondés (723 à 727 répondants selon les hypothèses de candidats).

[3Consultables comme celles d’autres sondeurs sur le site de la commission des sondages, rubrique « Consultez les notices », janvier 2022.

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