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Elections américaines : bilan sondage d’avant scrutin

jeudi 3 novembre 2016

La campagne présidentielle américaine a produit sans surprise un nombre énorme de sondages. Impossible d’en faire le décompte, l’évaluer à plusieurs milliers semble toutefois raisonnable.

Il est vrai que le système américain en génère trois types :

- les sondages de primaires (cf. tableau 1 ci-dessous : Parti Démocrate, col. de gauche, Parti Républicains col. de droite) [1]

- les sondages nationaux sur les intentions de vote pour les candidats effectifs à l’élection (cf. tableau 2 ci-dessous) [2].

- les sondages par Etats sur les intentions de vote dans chaque Etat. (cf. tableau 2 ci-dessous) [3].

Dans le système fédéral américain, chaque Etat envoie un nombre de délégués proportionnel à sa population pour voter directement pour le Président. Sachant que certains Etats sont acquis aux Républicains ou aux Démocrates, ce sont les Etats indécis (swinging states) qui décideront du sort de l’élection. Les candidats leur accordent toute leur énergie de fin de campagne et ce sont ces Etats qui sont auscultés en priorité par les sondeurs. Les courbes des intentions de vote ont été publiées par la presse. Elles sont d’une précision impressionnante, se croisent et s’entrecroisent et fluctuent étonnamment. Malgré le caractère clivant de l’opposition des candidats républicains et démocrates. Cette précision produit un effet de réalité. Comment être si précis si on n’est pas sûr ? On doute que les électeurs passent d’un candidat à l’autre. Comment expliquer alors ces fluctuations ? (cf. ci-dessous) [4].

Sont-ce les électeurs enfin décidés qui expliquent ces mouvements ? Difficile à croire car cela voudrait dire que les vagues se suivent en faveur d’un candidat puis de l’autre.

Si les Etats indécis sont le cadre légal de l’élection, pourquoi faire des sondages nationaux totalisant les intentions de votes indistinctement sur le territoire de tous les Etats Unis. Ils n’ont aucune valeur légale et importent seulement pour évaluer le sens du courant. Au fil des événements de campagne, qui est poussé par la dynamique positive et qui au contraire recule ? Une inspiration de commentaires médiatiques sans doute mais sans plus. Bref, ils ne sont pas fiables et ils ne servent à rien.

A moins que ces évaluations soient utilisées comme armes performatives, c’est-à-dire comme informations pour pousser les candidatures. Autrement dit, le candidat en tête et encore plus, en progression, peut grâce à ces sondages sur un scrutin fictif pousser sa cause en faisant valoir ses progrès comme une annonce de la victoire de son camp. Pas seulement pour prédire pour la faire advenir en le suggérant à ses propres électeurs, comme l’effet bandwagon, mais aux électeurs les plus tièdes de l’adversaire afin qu’ils s’abstiennent de voter. Sans doute l’effet le plus décisif des sondages : pourquoi se déplacer quand la défaite est déjà consommée, ce que la publication par WikiLeaks de mails de la campagne de Hillary Clinton laisserait supposer. Révélations aussitôt exploitées par Donald Trump [5] ). En somme, l’effet à quoi bon.

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