Depuis au moins 40 ans, à savoir la parution de Classe, religions et comportements politiques de Guy Michelat et Michel Simon [1], si ce n’est depuis 100, avec André Siegfried et son Tableau politique de la France de l’ouest sous la troisième République [2], on sait que l’appartenance religieuse est un déterminant sociologique du vote. En France, les catholiques ont toujours voté majoritairement à droite. Si le pays est très massivement déchristianisé, depuis très longtemps aussi, les catholiques autoproclamés et plus encore parmi eux les catholiques pratiquants votent donc (toujours) principalement à droite. Il existe bien sûr aussi des catholiques « de gauche », mais en moindre proportion. Aussi, que les sondés de l’Ifop, qui se revendiquent comme catholiques, aient plus voté pour le parti d’extrême droite de Marine Le Pen que le reste des sondés (32 % contre 28,4 %) ne constitue absolument pas une découverte (pour le sondeur ?). Les catholiques pratiquants, rebutés par l’idéologie du FN, votent quant à eux moins pour l’extrême droite que les autres lui préférant en majorité la droite classique.
Si l’on peut comprendre l’embarras de l’Eglise catholique française face à un tel résultat on pourra lui rappeler que le label « catholique » sert également à une partie de ceux qui se définissent ainsi de critère distinctif par rapport à d’autres labels religieux, pour le dire autrement « catholique = anti-musulman ». Pas de quoi rassurer sans doute l’Eglise française si ce n’est lui permettre de percevoir mieux encore les affinités entre l’idéologie du Front national et les croyances (et la morale, pas très « catholique ») d’une partie de « ses ouailles ».