observatoire des sondages

Zemmour, un nouvel envol signé Bolloré : la preuve

lundi 7 février 2022

Après l’enthousiasme et la croyance en un « destin présidentiel » nourris par les premiers sondages responsables en grande partie de sa candidature, Eric Zemmour a manifesté son mécontentement. Il ne montait plus, pire il stagnait ou baissait dans les sondages. C’est donc forcément qu’il était sous-estimé (cf. Eric Zemmour : le sous-évalué ?). Il fallait qu’il inverse la dynamique, mot fétiche, que répètent à tout va les sondeurs et journalistes lorsqu’ils peinent, et c’est fréquent, à fournir des explications solides du yoyo sondagier sans remettre en cause leur gagne-pain. Plus encore il fallait que cela se dise.

C’est Paris-Match qui s’est chargé de rassurer le candidat d’extrême droite, ses partisans et soutiens qui scrutent comme lui ce yoyo avec anxiété. Et c’est l’Ifop, sans que l’on soupçonne pour l’instant une quelconque préméditation, qui a fourni la « matière première ». Le 1er février 2022, le sondeur attribuait à Eric Zemmour 14% d’intention de votes, une hausse de... 0.5 point par rapport au sondage précédent. Paris-Match titrait dans la foulée : « Sondage de la présidentielle : Zemmour reprend sa marche en avant » (cf. ci-dessous).

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Il fallait oser. Aussi incompétent ou inculte soit-il, comme nombre de ses confères, le journaliste ne pouvait ignorer qu’une variation aussi infinitésimale (marge d’incertitude oblige) ne saurait raisonnablement et décemment le conduire à un tel diagnostic. Serait-il le seul dans la profession à ne pas encore savoir que ce qu’il racontait là était « définitivement » impossible et risible ? Vérification faite, non. Le lendemain, l’Ifop lui donnait l’opportunité de montrer que son ignorance n’était pas aussi abyssale. A propos de Christiane Taubira (créditée de 4,5% d’intention de vote en progression 0,5 point) Paris-Match titrait : Sondage de la présidentielle : Pas de cadeau pour Christiane Taubira (cf. ci-dessous).

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Etait-ce une façon (consciente ou non) de rappeler aux lecteurs que Paris-Match est entre les mains de Vincent Bolloré, de les alerter sur celui qui « tient la plume » quand le journal écrit notamment sur Eric Zemmour ? C’est parfaitement plausible. Surtout si l’on veut bien garder en tête les manières de faire du chef d’entreprise à l’égard des journalistes salariés ou ex-salariés de son groupe. Sur ce point, la commission d’enquête sénatoriale sur la concentration dans les médias s’est chargée de lui rafraichir la mémoire lors de son audition le 22 janvier 2022.

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(Cf. https://www.youtube.com/watch?v=uKqLDKK2FtA)

La campagne présidentielle est loin d’être finie. La corvée de commentaires des yoyos sondagiers de la rédaction de Paris-Match n’est pas finie (cf. « L’opinion en temps réel », les doxosophes s’enfoncent dans la misère). Donc les commentaires frauduleux à propos de Eric Zemmour non plus. Si invraisemblables soient-ils.

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